La circularité de l’industrie du textile constitue une brique incontournable du Pacte Vert européen. Les différentes activités constituent une longue chaîne manufacturière. Cette matière tissée ou tricotée s’utilise partout : écrans textiles d’isolation thermique, ameublement, habillage de façade, tote-bags, textile anti-érosion, bâches de camions, ….
Toutefois, le domaine de l’habillement reste le plus connu. En Europe, l’industrie du textile et de l’habillement représente d’ailleurs 178 000 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018 avec 5 000 millions d’euros d’investissement. Les exportations de l’UE vers le reste du monde représentent plus de 30 % du marché mondial.
En moyenne, un Européen achète 12kg de vêtements par an, soit une production générant 195 millions de tonnes de CO2 et nécessitant 46 millions de mètres cubes d’eau. En 2019, la consommation de matériaux primaires à destination du textile pour l’Europe est estimée à 1 321 kg/personne. Malgré cet impact non négligeable pour le climat et l’utilisation massive de ressources naturelles, seulement 1% des produits textiles sont aujourd’hui recyclés. Pourtant, selon le rapport « Pulse of the fashion industry », le bénéfice global pour l’économie mondiale pourrait être d’environ 160 milliards d’euros en 2030 si l’industrie de la mode visait des retombées environnementales et sociétales par rapport au modèle actuel.
Comment intégrer les principes de l’économie circulaire à l’industrie du textile
Au-delà des politiques de RSE du secteur privé, planifier un vrai modèle circulaire du textile est faisable. Il s’agit d’éco-concevoir des produits à base de matériaux écologiques, biologiques et naturels comme les fibres homogènes. Ce qui reviendrait à bannir les microfibres plastiques dans la conception pour permettre un recyclage à grande échelle. Outre leur composition, il est possible d’envisager la création de vêtements uniques combinant l’usage de plusieurs produits textiles. Une mutualisation des ressources et/ou un système de revalorisation des intrants (dont l’eau) peuvent favoriser une meilleure écologie industrielle. Il pourrait s’agir également d’aller vers une économie de la fonctionnalité du vêtement, intégrant des services de location et/ou des collectes de vêtements. Arrivés en fin de vie, ces derniers pourraient être recyclés en matériaux isolants. Réutiliser les chutes de tissus pour d’autres produits textiles serait un autre pratique à laquelle il faudrait donner de l‘ampleur. Enfin, le textile en fin de vie pourrait être transformé en autres ressources comme de la colle végétale ou de l’éthanol.
Quelles obligations pour l’industrie du Textile ?
La Commission Européenne encourage la circularité du secteur à travers une production et une consommation durable, l’accès aux produits de qualité, et une approche circulaire de la chaîne de valeur. La stratégie dédiée au textile fait partie des piliers du Plan d’action européen sur l’économie circulaire. À ce titre, le règlement européen REACH (obligation d’enregistrement, Evaluation et Autorisation, restriction des produits Chimiques) fixe les exigences relatives aux composants chimiques présents dans tous les produits dont le textile. Cette réglementation s’inscrit dans le cadre des politiques intersectorielles mais reste toutefois poussée en matière de législations environnementales. Par ailleurs, la directive cadre pour le traitement des déchets prévoit une obligation de collecte séparée des textiles d’ici 2025. Pour le cas de la France, l’étiquetage des vêtements avec les caractéristiques environnementales sera obligatoire dans les prochaines années. Cet affichage devra intégrer les critères de durabilité, de recyclabilité, d’incorporation de matières premières recyclées.
Quels sont les labels et certifications existantes ?
Il existe aujourd’hui quelques certifications visant la durabilité de la filière du textile :
- Ecolabel Européen permet de mesurer l’impact environnemental des produits durant son cycle de vie. Il s’agit de l’unique certification pour les acteurs de l’industrie du textile en Europe évaluant l’extraction des matières premières, la fabrication, la distribution, et l’utilisation jusqu’à son recyclage ou son l’élimination après usage.
- Gots assure l’origine biologique des textiles avec une composition minimale de 75% de matière biologique. Ce label mondial évalue le respect de critères sociaux et environnementaux à toutes les étapes de production et transformation.
- GRS (Global Recycled Standard)s’applique aux produits contenant 20% de fibres recyclées au minimum. Cette certification internationale s’effectue par des tiers et se base sur le contenu recyclé, les pratiques sociales et environnementales, la chaîne de contrôle, ainsi que la composition chimique.
- RCS (Recycled Claim Standard) concerne la traçabilité des matières premières recyclées tout au long de la chaîne d’approvisionnement.